mardi 20 septembre 2011

Philippe François : "La pédagogie doit prendre en compte la géopolitique touristique"

 

Paris (75) À la tête de l'Association mondiale pour la formation hôtelière et touristique (Amforht), Philippe François expose ses pistes de réflexion, en amont du forum mondial de l'association, prévu du 10 au 13 novembre à Chypre.



Pour Philippe François, président de l'Amforht, les seniors sont 'une richesse extraordinaire de personnes qui pourraient venir témoigner et raconter l'évolution de l'hôtellerie et de la restauration.'

L'Hôtellerie Restauration : Quelles sont les grandes lignes des travaux menés par l'Amforht en cette rentrée 2011-2012 ?
Philippe François : Nous travaillons sur l'adaptation de nos apports pédagogiques par rapport à la géopolitique touristique. Je propose aux responsables des écoles et des universités de prendre en compte cette approche géopolitico-touristique dans l'ensemble de notre enseignement, voire jusque dans le développement des ressources humaines. Aujourd'hui, par exemple, la Tunisie doit non seulement faire face au déclin du nombre de touristes européens, mais aussi à la perte du marché libyen du tourisme d'affaires. Conséquence : les études marketing enseignées sont désormais obsolètes.
Parallèlement, nous réfléchissons aux questions liées à la sécurité : c'est un thème peu enseigné, or il est primordial d'évoquer la sécurité naturelle (tremblement de terre, cyclone, tsunami…) tout comme les risques engendrés par un attentat ou l'explosion d'une centrale nucléaire. Et ce d'autant qu'au moindre incident de ce type, cela ruine immédiatement l'économie touristique de la région du monde où la catastrophe a eu lieu.
Enfin, l'Amforht souhaite créer un réseau d'écoles et d'universités à travers le monde. Car échanger nos méthodes, nos programmes, nos intervenants, apparaît aujourd'hui comme une évidence et une nécessité.

À l'échelle de la France, le club Savignac met en réseau d'anciens élèves avec des recruteurs et des professionnels. Cet exemple est-il ce vers quoi il faudrait tendre ?
Oui. C'est un bon exemple. L'association des anciens de Savignac, qui représente quelque 1 000 anciens étudiants, a pris en compte cette notion de maillage, d'échanges et de rencontres. Les anciens se revoient tout en s'ouvrant sur des professionnels et des responsables d'entreprises issus de différents secteurs : celui du tourisme, bien sûr, mais aussi celui des loisirs ou de l'agroalimentaire.

Peut-on envisager également de solliciter le savoir des seniors ?
C'est un thème sur lequel nous sommes mobilisés. À l'Amforht, nous croyons à la pertinence d'un réseau transgénérationnel pour la formation. Il faut utiliser cette précieuse ressource. À condition de l'organiser et de l'intégrer à nos méthodes pédagogiques. Et si l'on imagine cela sur un plan mondial, c'est une richesse extraordinaire de personnes qui pourraient venir témoigner et raconter l'évolution de l'hôtellerie et de la restauration.

Avez-vous déjà reçu des échos positifs quant à ce projet transgénérationnel ?
L'Organisation mondiale du tourisme a accueilli l'idée avec enthousiasme. Pour l'heure, nous sommes donc dans une phase de sensibilisation des écoles. Mais, dès 2012, nous souhaitons créer des établissements pilotes et orchestrer un suivi pédagogique.

Développement durable et responsabilité sociale, des sujets auxquels le grand public est sensible, sont-ils des thèmes d'actualité à l'Amforht ?
La responsabilité sociale et sociétale de l'entreprise hôtelière est une nouvelle thématique sur laquelle nous travaillons. Aujourd'hui, on ne bâtit plus un hôtel contre la population locale, mais avec elle. On ne cuisine plus des produits importés du bout du monde, mais des produits locaux et saisonniers. Quant aux palaces parisiens, la plupart d'entre eux émettent un bilan carbone. Il est donc urgent que ces différentes approches soient enseignées dans les écoles.

Aborderez-vous l'ensemble de ces sujets lors du prochain forum mondial de l'Amforht, prévu du 10 au 13 novembre à Chypre ?
Oui, bien sûr. Et ce d'autant que nous avons désormais des représentants dans les principales régions du monde et des délégués nationaux de plus en plus présents sur le terrain.

Anne Eveillard

« L'apprentissage nous est envié par de nombreux pays »
« L'apprentissage français est exceptionnel : il fonctionne bien et nous est envié par de nombreux pays ». Philippe François l'a donc inscrit à l'ordre du jour des priorités sur lesquelles l'Amforht doit plancher. « Je vais demander à Régis Marcon de venir faire des conférences sur le sujet », précise-t-il. L'Amforht souhaite, en effet, développer l'apprentissage dans un certain nombre de pays qui ne le proposent pas encore aux jeunes. Et pour cause : « le monde de la formation a son rôle à jouer pour mettre de l'huile dans les rouages et faciliter cette alternance entre le monde professionnel et celui de l'éducation. Les enseignants doivent pouvoir se confronter à la réalité de l'entreprise ou du territoire, en France comme à l'étranger ».


Source : http://www.lhotellerie-restauration.fr/journal/formation-ecole/2011-06/Philippe-Francois-La-pedagogie-doit-prendre-en-compte-la-geopolitique-touristique.htm

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